Revue de presse # 5
Un essai complet de la Tango (Planète 125 - n°47 - sept./oct. 2006 - p.26 & 30)
DANSER SANS TRICKER
Ceux qui regrettent que la sympathique Yamaha Tricker ne soit pas accessible avec le permis B vont pouvoir se réjouir. En exploitant son monocylindre 125 déjà éprouvé sur les NKD et RS2, le constructeur espagnol Rieju propose un concept semblable, à mi-chemin entre le trail urbain et la machine de randonnée.
La gamme Rieju s'agrandit de bien belle manière avec cette petite Tango, moto de loisir pouvant très bien s'accommoder du titre d'utilitaire urbain. Esthétiquement plus civilisée que le trail MRX, mais sachant comme lui jouer la carte de la polyvalence, la Tango est en effet aussi à l'aise sur le bitume et les pavés que dans les petits chemins de campagne. Comme le roadster NKD et la super sportive RS2, c'est le bloc Yamaha à culasse deux soupapes qui propulse la petite ibérique. Ce moteur refroidi par air n'est certes pas à la pointe de la technologie, mais il présente quelques avantages non négligeables. Il jouit d'une réputation de fiabilité enviable, son niveau de performances est parfaitement adapté à la Tango, et il est surtout économique à l'achat comme à l'usage.
A LA LOUPE
Rieju a soigné sa petite dernière, la dotant d'un équipement de qualité. La partie cycle fait notamment appel aux solutions les plus modernes. Deux disques dont un de 260 millimètres à l'avant pincé par un étrier double piston à fixations radiales, fourche Paioli, cadre simple berceau combiné à deux poutres périmétriques en acier, ou encore mono-amortisseur arrière en position centrale monté sur biellette de renvoi... Pour une moto vendue moins de 3 000 euros, l'effort est louable. Pour l'instrumentation, les concepteurs ont opté pour le tout-numérique. Cela manque un peu de charme, mais c'est efficace. Jauge à essence, compte-tours, trip partiel, pendule, il ne manque rien. On dispose même d'un ordinateur de bord commandé depuis un contacteur situé sur la poignée gauche. On note par ailleurs la présence d'une commande de starter à retour automatique située au guidon, facilitant les phases de mise en route. Cette dernière s'effectue à l'aide d'un démarreur électrique, mais un kick est également disponible, une solution aussi antique que pratique en cas de panne de batterie. Quelques mots encore pour signaler que le Neiman que l'on actionne depuis le contacteur verrouille la direction vers la droite, ce qui n'a le mérite que d'être inhabituel, et que la béquille latérale à retour automatique nécessite quelques attentions : comme sur la plupart des modèles Rieju, le retour est trop violent et il faut veiller à bien poser la moto avant de la quitter.
A L’USAGE
La prise en main de ta Tango s'effectue bien plus facilement que de s'essayer à quelques pas de la célèbre danse argentine ! La position de conduite est naturelle, rappelant celle de n'importe quel trail bien conçu, mais on profite d'une hauteur de selle moins importante (790 mm), ce qui devrait mettre à l'aise les conducteurs de petite taille. En revanche, concernant la selle justement, on s'aperçoit très vite qu'elle manque de moelleux, fait qui se , confirme après quelques kilomètres. Pour ceux qui ont le fondement fragile, prévoir un coussin ! Le reste est plus convivial. La boîte de vitesses à cinq rapports est douce et précise, permettant d'exploiter au mieux le petit monocylindre émettant une mélodie rauque plutôt agréable. Si ce moteur manque de puissance pour animer la sportive RS2, il va comme un gant à la Tango, qui s'effarouche bien moins de ses vibrations à hauts régimes, et de son manque d'allonge. Il autorise une vitesse de pointe de 103 kilomètres/heure réels, ce qui est très bien pour un trail, d'autant que la stabilité à haute vitesse n'est pas exceptionnelle. Comme avec la plupart des motos de ce type, la direction devient sensible lorsque la vitesse augmente, et peut même, sur certains mauvais raccords, générer des réactions plus désagréables que dangereuses. Mais cette sensibilité du train avant n'a pas que des désavantages. En ville, la Tango se montre très agile, et comme son gabarit est somme toute modeste, elle se faufile dans la circulation avec une facilité déconcertante. C'est en tout cas en utilisation urbaine que la petite Rieju révèle tous ses talents. Avec son moteur reprenant bien à bas et mi-régimes, son dispositif de freinage très convaincant (même si certains trouveront que l'arrière manque un poil de progressivité), et la facilité avec laquelle elle se conduit, la Tango est un outil affûté pour les citadins pressés.
HORS DES SENTIERS BATTUS
Comme la Tango appartient à la famille des trails, on se devait de l'emmener dans la nature pour juger de son comportement hors bitume. Là, nous avons été agréablement surpris par l'efficacité des pneus dont le profil nous semblait peu adapté à la terre. En fait, ils se comportent sainement, et si la Tango n'est pas experte en tout-terrain, elle s'accommode très bien des chemins non-carrossables et s'avère être finalement une moto de randonnée très sympathique, Elle profite surtout de sa partie cycle rigoureuse. La rigidité du cadre et la qualité de l'amortissement (de plus, le mono-amortisseur arrière est réglable) permettent d'emprunter les chemins de traverse en toute sérénité. Il est d'ailleurs à noter qu'un carter
de protection pour le bas moteur est disponible en option, donnant à l'engin un peu plus encore d'aptitudes au hors-piste. C'est l'un des points les plus positifs de la Tango qui, malgré une esthétique raffinée, a su conserver toute la polyvalence généralement prêtée au genre pu elle représente.
UNE RÉUSSITE
L'arrivée de la Tango est une bonne surprise. Son seul véritable défaut est de manquer de confort, mais, pour le reste, c'est une moto très efficace renouvelant avec bonheur le segment trail. Le tarif étudié auquel elle est proposée ne gâche rien. À 2 799 euros, elle rentre en compétition avec les Derbi Senda, Honda XR-L et autre Yamaha XT, des concurrentes contre lesquelles elle oppose de solides arguments…
Philippe Moal
Rectifications :
- Contrairement à ce qui est dit, il n'y a pas de jauge à essence, ni de pendule !
- Le Neiman bloque bien la direction vers la gauche ! C'est un détail, mais quitte à être complet.
- L'amortisseur arrière n'est pas réglable (mais le système de biellettes tempère beaucoup ce manque).